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The Bad Village

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a new collaboration with Julien... :iconbwiti: :iconmojamoja1plz:

Bwiti:shoot
Lequark:C4D+Photoshop+postprod

original :

story by Bwiti

Comment oublier ?
L’église était bondée.
Il s’agissait ce samedi-là d’enterrer le maire de l’époque, alors bien-sûr le village s’était déplacé en masse, il ne manquait personne pour tout dire. Même la maison de retraite avait été vidée de ses pensionnaires pour que ceux-là puissent y assister. On avait déplacé les paralytiques avec leur lit, les éclopés c alés dans leur fauteuil. Tout le monde à dire vrai s’en souvenait. L’église était si pleine qu’on avait l’impression que les portes allaient s’ouvrir en grand pour vomir la foule, comme si l’enceinte put être trop écœurée de tant de tristesse et de peine réunies.
Le maire avait été un homme respecté, il s’était distingué au fil de ses mandats respectifs par des positions courageuses, on disait de lui qu’il ne rechignait pas à mettre les mains dans le cambouis quand il s’agissait de défendre ses administrés, on l’avait même vu partir un matin à Paris parler au nom de ces concitoyens auprès de la représentation nationale.
Alors bien-sûr, lorsque le brave homme est passé de vie à trépas, le bourg s’est figé dans une grande stupeur, et chacun a décidé en son âme et cœur d’accompagner le maire dans sa dernière demeure.
Les parents de Marinette étaient là eux-aussi. Ce n’était pas une famille qui avait su se faire respecter. Le père ne fréquentant pas les cafés manquait fort de réparties avinées, tandis que la mère, qui passait son temps à quatre pattes chez les autres à lessiver les sols, était facilement dénigrée pour ce qu’elle n’était pas.
Oh ce n’est pas qu’on disait d’eux qu’ils ne valaient rien, mais on pouvait leur marcher sur les pieds tout en faisant ses courses, sans même s’en rendre compte, comme si ceux-là avaient possédé des pieds si plats qu’on ne les remarqua pas.
Alors vous imaginez bien que pour l’enterrement du maire, les parents de Marinette, pourtant arrivés dans les premiers, avaient été progressivement et minutieusement déplacés, reflués pourrait-on dire, à l’arrière vers l’entrée principale où se massait déjà toute la cohue malade et grabataire, locataire de la maison de retraite des Bégonias.
Marinette qui avait à cette époque 8 ans, était prostrée dans les genoux de son père, on ne voyait d’elle que de grosses lunettes qu’elle ne pouvait hélas quitter, on disait d’elle qu’elle était aussi myope qu’une petite taupe. Placés comme ils l’avaient été, ils n’entendirent rien de l’office, entre deux têtes bien peignées ils apercevaient parfois l’aube blanche du curé qui faisait de grands gestes, mais ils n’auraient su répéter les prières et oraisons du jour. Tout autour d’eux, les pensionnaires des Bégonias bavaient et grognaient, et plusieurs fois au cours de la cérémonie le père de Marinette du se nettoyer le bas du pantalon, car le grand père Pelanchon qu’on avait installé tout juste derrière lui éternuait à tout va, comme un lion qu’on aurait laissé dans le vent. Mais de cela il ne se formalisait pas, les parents de Marinette étaient des individus simples et compréhensifs.
Lorsque la cérémonie s’acheva, on senti la foule se mouvoir, comme un gros ventre qui gargouille, chacun n’osait sortir en premier et on décida naturellement que les notables se retireraient tout d’abord de l’église, puis viendraient les bancs suivants, du devant vers l’arrière. Il fut difficile d’imprimer ce savant mouvement à la foule entière, car par un effet d’entonnoir les corps en activité avaient tendance à s’embouteiller, il fallait un peu se marcher dessus pour que ceux de devant parviennent finalement à l’arrière, mais par la sagesse des peuples de nos campagnes, on parvint enfin à ordonner le tout.
Malheureusement, les quelques instants d’indécisions qui avaient vu tout le monde se piétiner un peu en se dévisageant pour savoir comment s’y prendre, avait déséquilibré la petite Marinette toute emberlificotée qu’elle était dans les genoux de son père. La pauvresse ne s’était pas blessée non, mais elle égara ses très grosses lunettes qui lui donnaient des airs de poisson de mers. Les binocles roulèrent à ses pieds jusqu’en plein milieu de l’allée centrale. Personne ne le remarqua bien sûr, chacun était à se hisser sur la pointe de ses souliers pour apercevoir la femme du maire, ses enfants, ou mieux encore le cercueil. Marinette se mit à genou et rampa aveugle sous le lit de la mère Bigraine, centenaire et doyenne des Bégonias, les yeux grands ouverts et vides, faisant marcher ses mains pour retrouver les précieux verres. La malheureuse parvint enfin à les apercevoir, et Marinette eut un large sourire lorsque qu’elle vit ses lunettes napées d’une indistincte brume. Cependant et hélas, au moment très exact où la petite allait les empoigner, survint le devant de l’église qui arrivait enfin. Toute la notabilité bien en chair, d’un pas recueilli, se présenta comme une vague immense et silencieuse.
Et chacun écrasa les petites et fragiles lunettes de Marinette.
La foule entière, il ne manqua personne pour piétiner les lorgnons, dans un grand mouvement très humble réduisit en de toutes petites miettes de métal et de verres les lunettes de la gamine. La misérable bigleuse se fourra le poing dans la bouche pour ne pas hurler, de voir de la sorte les villageois, les uns après les autres, piétiner ses précieux lorgnons, fit naitre à cet instant religieux, dans la tonitruance de l’orgue, une haine féroce pour tous ceux-là.
Ils l’avaient fait exprès.
C’est ce qu’elle pensa.
On ne la remarqua pas.
Les bonnes gens n’avaient de tristesse et d’attention à confier, que pour le cœur lourd de la famille endeuillée et la mémoire du grand homme. Qui, à cet instant, pouvait regarder à terre, voir sous le lit de la mère Bigraine, la petite Marinette et ses grands yeux de ténèbres pleins de chaudes larmes, son poing fluet tout entier enfoui au fond du bec ? Personne à dire vrai, pas même ses parents qui se tenaient la main quelques pas en arrière.
La procession acheva sa marche au cimetière où l’on enterra dans un silence de fin d’hiver le maire, avant de s’en retourner, chacun chez soi, reprendre le cours de sa vie, presque comme si de rien n’était.

Marinette au fil des ans, grandit bien entendu et devint une femme pour un peu qu’on aurait pu dire comme rabougrie, elle avait toujours de grandes lunettes à triple foyer qui lui faisaient des yeux tout petits, presque comme le bout d’une aiguille à tricoter. De la sorte, personne n’avaient pu voir combien son regard était de feu. Elle singeait le caractère de ses parents, leur bonne et humble façon de se comporter, leur lâche attitude aussi. Elle se coula dans leurs vêtements, adoptant leur manière bien triste et soumise de se tenir, un port de tête tout dans l’inclinaison, des mains résignées, une posture subordonnée en toute situation.
Mais dans le secret de sa cave, Marinette préparait de longue date sa vengeance. Elle avait diaboliquement conçu à partir de ses sous-sols un réseau tarabiscoté de passages en tout genre, comme une toile d’araignée largement déployée sous le village. Pendant des années, personne ne se soucia des chats noirs qui disparaissaient dans les parages, personne finalement n’aurait pu imaginer que la petite Marinette s’adonnait avec passion aux sorcelleries en tout genre, faisant s’agglutiner dans un même bouillon des cultes païens d’Europe du nord avec des hérésies Balkaniques, des tarentelles et des rigodons, modelant avec une pénétrante concentration, compensant la pauvreté de ses yeux par une précision démoniaque de l’instinct féroce, un être nouveau, une ombre ancienne revenue à la vie. Personne au cœur de la nuit, n’écoutait ni n’entendait le rire sardonique de Marinette, qui venait de faire naitre dans la noirceur de ses idées, une armée de démons, disséminée sous le village, en ordre de bataille, prête à assouvir la folle vengeance d’une petite enfant, à qui l’on avait, il y a bien longtemps, cassé les lunettes.



もじゃもじゃ
Moja Moja©, or the origins of Little Monsters ...

Moja Moja is a Japanese onomatopoeia: a ball of hair that makes you want to fiddle with your fingers ...

thanks to see the series : Moja Moja© lequark.deviantart.com/gallery…



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NIKON D300
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F/8.0
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18 mm
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Date Taken
Feb 5, 2013, 10:11:12 AM
Comments16
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DaikokuEbisu's avatar
Es muy buena, felicidades!!!☺